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Comprendre les enjeux du rapport Pisani-Ferry

D'après les résultats de deux études menées par le Ministère de la Transition Écologique et publiées en février 2023, le changement climatique figure en tête des préoccupations environnementales des Français. L'ampleur de cette inquiétude est sans précédent, puisque 44% des sondés mentionnent le réchauffement climatique comme principal souci environnemental, soit une hausse de six points par rapport aux enquêtes précédentes.


Toutefois, il est recommandé à chacun d'adopter des pratiques écologiques et de s'engager dans des actions afin de combattre ce phénomène. Parallèlement, la population espère que le gouvernement prenne des mesures actives en faveur d’une transition écologique plus harmonieuse. C'est dans cette perspective que GlobeDreamers vous invite à approfondir vos connaissances sur ce sujet à travers le rapport Pisani-Ferry.


Des actions immédiates pour le climat


Tout d’abord, il est crucial de savoir que ce rapport porte le nom de son auteur principal, Jean Pisani-Ferry, un économiste respecté et professeur à Sciences Po. Au-delà de ces distinctions, il est également reconnu pour avoir significativement contribué au programme d'Emmanuel Macron lors de l'élection présidentielle de 2017. Afin de mener à bien cette étude, il a collaboré avec Selma Mahfouz, inspectrice générale des finances, et s'est positionné sous l’égide de France Stratégie.


Ce rapport, dévoilé le 22 mai 2023, a été commandé directement par la Première Ministre, avec une lettre de mission adressée à l'économiste en septembre 2022, où elle sollicitait une meilleure compréhension des impacts macroéconomiques de la transition climatique. Cette demande intervient dans un contexte environnemental troublé, puisque comme le souligne Pisani-Ferry dans son avant-propos, des analyses ont été réalisées sur les retombées économiques de la transition écologique mais elles se focalisent à long terme.


Cependant, cet économiste met l'accent sur l'urgence des enjeux économiques immédiats liés à cette transition. Selon lui, plusieurs événements majeurs ont catalysé cette prise de conscience, comme l'Accord de Paris en 2015 qui a fixé un cadre ambitieux pour lutter contre le changement climatique. Il est aussi question de l'accord européen de 2019 visant à rendre l'économie neutre en carbone d'ici 2050 et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % dès 2030, par rapport à leur niveau de 1990.


“Ce n’est qu’après l’élection de 2022 qu’a été choisie une méthode, celle de la planification écologique, et qu’ont commencé d’être mis en place les instruments correspondants. Dès le lancement des travaux, j’ai pu mesurer le niveau d’engagement des administrations, des instituts économiques et du monde de la recherche.”


Une fiscalité verte pour les hauts revenus


Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz ont étudié les coûts de la transition écologique et estiment qu'il faudrait investir 66 milliards d'euros supplémentaires par an, d'ici 2030, pour atteindre la neutralité carbone en France. Selon eux, il est nécessaire de “faire en dix ans ce qu’on a peiné à faire en trente”, car une mobilisation importante est requise pour cette transformation en faveur de l'action climatique. À long terme, les coûts économiques de l'inaction dépasseront également largement ceux de l'action, car des adaptations devront être effectuées et les dommages seront considérables si cette transition n'est pas amorcée.


Pour réaliser cet objectif, les auteurs proposent différentes alternatives, telles que miser sur le progrès technologique, adopter une règle de sobriété ou mettre en place des plans d'investissement pour remplacer les énergies fossiles. Cette dernière option est fortement recommandée mais nécessite un endettement significatif pour la France. Par ailleurs, ce dernier seul ne suffit pas, car le rapport Pisani-Ferry mentionne également la nécessité d'investissements publics et privés, soutenus par une fiscalité verte pour les hauts revenus.


Il s’agit là d’une idée controversée pour financer la transition écologique puisque certains au sein du gouvernement y voient une solution cohérente, tandis que d'autres la considèrent impensable en raison du niveau déjà élevé de taxation en France. Le Ministre des Comptes Publics estime, par exemple, qu'aucun impôt vert sur la fortune ou endettement supplémentaire n'est envisageable car la priorité est déjà donnée au redressement de la dette du pays. Selon l'éditorialiste Françoise Fressoz, du média “Le Monde”, ce rapport “semble tombé dans un vide politique sidéral".



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